La circulaire interministérielle de mars 1999 souligne
que: "quelques
soient leurs conditions socio-économique et leur niveau d'instruction,
leur culture et leur religion, des millions de femmes à travers
le monde, sont victimes d'actes de violences sous de multiples formes.
La France n'est pas épargné par ce phénomène de grande
ampleur qui empêche
les femmes de participer pleinement à la vie de société."
L'enquête nationale sur les violences envers les femmes réalisée par une équipe
de chercheur de l'Institut de démographie de l'université de Paris I Panthéon
Sorbonne rendue publique en octobre 2002 montre que les violences envers
les femmes constituent un fait social qui concerne tous les milieux sociaux
et culturels et toutes les tranches d'âges.
Au cours des 12 mois qui ont précédé l'enquête, 1 femme sur 10 a subi des
violences, verbales, psychologiques, physiques ou sexuelles de la part de
son conjoint ou ex-conjoint. Au cours de ces 12 derniers mois, 0,3% des femmes
enquêté avaient subi au moins une tentative de viol.
Dans notre pays 3 femmes tous les quinze jours meurent sous les coups de
leurs compagnons.
Dans une communication en conseil des ministre, madame AMELINE, ministre
déléguée à déclaré le 21 janvier 2003 "s'il y a des degrés dans les
violences, il n'y en a pas dans le refus qui doit être le notre de toutes
formes de violences [...] elles sont la manifestation des archaïsmes qui
subsistent dans notre société et le produit des inégalité qui la caractérise
encore..."
Ces violences trouvent leurs justifications dans les discriminations à caractères
sexistes et ces discriminations se nourrissent des violences pour perdurer.
Beaucoup de femmes ont intégré l'idée d'une sous citoyenneté, celle ci leur étant imposée par la force.
Ces situations sont inacceptables pour tous et toutes. Il convient toutefois
de noter que les femmes et les jeunes filles de l'immigration sont particulièrement
vulnérables car "isolées dans une société dont elle ignorent les codes
et les usages, dénuées de droits personnels et maintenu dans la soumission
non seulement de leur mari mais aussi de leur père et de leurs frères".
L'accueil et l'accompagnement de Solidarité Femmes à pour objectif d’aider ces femmes à se situer en tant que personnes citoyennes, avec le libre droit de disposer d’elle-même, ce qui nécessite un travail dans l’urgence, mais aussi un accompagnement sur un long terme.
Car les victimes manifestent beaucoup de crainte à se positionner, elles ont peur des représailles que pourrait susciter leurs actions, ceci à juste titre.
Il faut beaucoup de temps pour qu'elles puissent prendre une décision au
plus près de ce qu'elles veulent pour elles et leurs enfants.
La violence à des effets destructeurs, elle amène une grande
souffrance psychique sur laquelle il faut travailler pour aider les victimes à sortir
de la confusion, retrouver l'estime de soi et s'affirmer.
Cette souffrance est accentuée par l’attitude de certains individus de l’entourage des familles. Des mentalités archaïques subsistent amenant des individus et des intervenants à renverser non seulement la cause et les effets mais aussi les responsabilités.
La victime et ceux qui interviennent à ses cotés doivent faire face à des jugements négatifs alors que l’agresseur est encore trop souvent excusé de ses actes ce qui l’empêche d’en mesurer la portée, et entrave la progression du travail avec les victimes.
Pour soutenir, accompagner les femmes et familles victimes de violences, l’association propose différentes actions:
Permanences écoute, information, orientation
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Accompagnement social / Accès aux droits
C Personnes reçues en accueil d’urgence ou transitoires
C Personnes restées à leur domicile
C Personnes reçues dans de la famille ou chez des amis
Suivi psychosocial
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Groupe de parole santé psychique avec une psychologue Groupe parentalité / enfants maltraitant avec une psychologue |
Deux types de groupes de paroles sont animés :
A) Parentalité et violence conjugale
La violence exercée dans le cadre conjugal brouille les places mères / enfants, les positionnant sur une même place de dominés. Mère et enfants font l’objet de dénigrement, la mère en particulier est remise en questions dans ses capacités éducatives.
La relation mère – enfants souffre de cette situation, la mère ayant des difficultés à se positionner même après la séparation d’avec le conjoint violent. Un espace de parole et d’échanges est proposé à ces parentes en difficultés.
Une rencontre de 2 heures par semaine réunit 6 à 8 personnes, des possibilités d’écoute individuelle sont proposées en cas de besoin.
Les prescripteurs sont les services sociaux, les services scolaires, les associations et les lieux d’accueil.
B) Parentalité et enfants maltraitants
Proposer à des mères en difficultés, seules avec leurs enfants et confrontées à la re-production, par les enfants, de la violence vécue avec le compagnon, un espace de paroles et d’échanges les aidant à prendre du recul par rapport à la situation et à se restaurer pour envisager des démarches posant des limites à l’attitude des enfants.
Ce groupe est animé par une psychologue clinicienne, ses objectifs sont :
- soutenir dans des situations difficiles, aider à prendre du recul, déculpabiliser, restaurer le rôle parental en améliorant les échanges mère-enfants et aidant à se positionner et poser des repères.
Les rythmes de rencontre et les prescripteurs sont les mêmes que le groupe précédent.
Depuis plusieurs années, la demande des acteurs de terrain a amené Solidarité Femmes à avoir une fonction de Point Ressource pour les acteurs sociaux.
Ce point ressource fonctionne sur 3 axes :
C Sensibilisation et formation des professionnels
C Soutien, évaluation et suivi de situation
C Info / réflexion sur les problématiques de violence
Longtemps tabou, car exercées dans l’espace privé, garant de l’impunité, les violences conjugales et familiales sont aujourd’hui des délits. La victime émerge à la conscience générale, les discours de l’Etat, l’évolution législative font que l’aide institutionnelle à ces victimes doit trouver, elle aussi, une place en vue dans l’espace public.
Elle n’est plus l’affaire des associations militantes, mais celle de tous les professionnels de l’Etat et des collectivités locales.
C’est pourquoi, Il est également nécessaire de sensibiliser et former les professionnels de terrain à l’écoute et l’accueil de ce public.
Ce travail de sensibilisation commence par l’accueil de stagiaires au sein de la structure ; élèves en formation initiale des écoles de service social, d’éducateurs, de conseillères en économie sociale et familiale, école d’infirmières, ou stagiaires cadres infirmiers, étudiants préparant des DESS de psychologie, de politiques sociales, élèves en sociologie, en sciences Politiques ou de l’école Nationale de la Magistrature .Ceci pour une découverte du public et de la problématique.
Nous recevons aussi des groupes d’élèves pour des entretiens-débats, dans le cadre de travaux libres.
Dans le cadre des formations continues des sessions de formation sont organisées. Policiers, gendarmes, travailleurs sociaux, membres du corps médical sont conviés à ces journées, au cours desquelles les échanges sont très riches.
Le module 1 se déroule sur 4 demi journées ayant pour thème:
- Contexte général
- Analyse de la problématique
- Prise en charge juridique
- Prise en charge sociale
Les textes de lois, les circulaires, le rapport Henrion et les statistiques ENVEFF sont inconnues des stagiaires, les brochures sont un peu connues des services de gendarmerie ou des services sociaux qui en “ont vu passe une”.
Pour les professionnels de terrains les dispositifs nationaux sur le sujet sont noyés dans un ensemble de dispositions toutes plus importantes les unes que les autres, toutes prioritaires.
Beaucoup n’ont pas eu de consigne spécifique sur la question des violences conjugales, celles - ci n’apparaissent pas, semble t’il, dans les axes d’actions prioritaires. Police et gendarmerie notamment sont pris par la prévention routière, la lutte contre l’alcoolisme au volant, sur lesquelles ils ont des instructions claires, instructions qu’ils n’ont pas reçues en ce qui concerne les questions de violences conjugales.
Le travail en atelier sur les représentations sociales et les préjugés à l’œuvre dans les interventions auprès des femmes victimes de violences et de leurs agresseurs est apprécié des stagiaires. Le travail en atelier est positif, le petit groupe permet des échanges plus libres d’informations, de questionnements.
C’est l’occasion de connaître et/ou reconnaître les partenaires.
La réflexion sur les tabous qui entourent encore cette question se déroule toujours de manière très dynamique.
La formation est un temps pour se poser, réfléchir aux problématiques, les outils de compréhension que sont le cycle de la violence, les croquis sur les processus de domination et de contrôle, de soumission et dépendance etc... sont toujours très appréciés, c’est la conceptualisation de constats faits dans la pratique mais sur lesquels on n’a pas eu le temps de s’arrêter.
La réflexion sur les limites au seuil desquels l’intervention peut devenir de l’interventionnisme suscite une réflexion sur les seuils de tolérance de chacun face aux situations de violence.
Ce module est un outil important pour les professionnels, il aide à comprendre pour accompagner et amène des outils immédiatement applicables dans la pratique.
Les apports sur les possibilités dont peuvent se saisir les victimes pour sortir de la violence tant sur le plan pénal que civil sont toujours très appréciés. Les procédures sont très mal connues, ce module amène des outils pour l’accompagnement des victimes vers l’accès aux droits et au long de procédures souvent compliquées.
Les liens pluridisciplinaires entre les différents intervenants, sont rares, voir inexistants bien que les mêmes situations soient souvent connues de tous.
La victime se retrouve donc souvent seule dans son parcours et c’est elle qui doit faire le lien entre les différents professionnels.
L’absence de lien accentue les difficultés de son parcours en l’amenant à multiplier les démarches à un moment ou elle est particulièrement fragile, cela peut susciter un découragement l’amenant à renoncer à sa décision de rompre avec la violence.
Ce module permet d’échanger sur les dispositifs, sur la place de chacun des intervenants et la complémentarité des services et des missions, notamment entre gendarmes ou policiers et travailleurs sociaux, le module justice ayant fait ressortir la nécessité de coordination pour une meilleure cohérence des interventions - justice / police / médical et social indissociables les unes des autres.
Ce module permet aussi de mieux connaître les services offerts, par les Associations spécialisées et leur complémentarité avec les services généralistes, ainsi que d’entrevoir des collaborations nouvelles.
La présentation des actions spécifiques de Solidarité Femmes est appréciée, l’Association est bien perçue par l’ensemble des participants, ceux qui ont eu l’occasion de travailler avec elle l’utilise comme point ressource.
Les participants sont tous concernés par les situations de violences dans le couple et sont dans la même recherche de réponses cohérentes entre les différents acteurs. Pour cela ils ont besoin de partager des bases communes sur l’analyse de la problématique, ses formes ses buts ses effets.
De comprendre le processus et son évolution, les modifications de comportements que la violence subie amène aux victimes.
Les réponses |
juridiques, |
médicales, | |
sociales, |
Sont notées comme en complémentarité indispensable il ressort nettement la nécessité de cohérence, de lien entre tous les intervenants.
Ils ressentent tous la nécessité de partager avec leurs collègues, de réfléchir à l’amélioration de la prise en charge et, des pratiques, ils éprouvent la nécessité de se rencontrer autour d’échanges et réflexion sur des pratiques pour évoluer dans les réponses apportées aux interpellations des victimes, des agresseurs et de leurs enfants.
Le travail en réseau serait tout au bénéfice des victimes, les professionnels ayant une action cohérente, concertée, chacun dans les limites de sa mission, assurant la femme de la prise en considération et de l’intérêt porté par tous à sa situation.
De plus, le partenariat, les échanges de pratiques, pourraient amener de nouvelles modalités de prise en charge, la démarche du réseau étant aussi d’échanger sur les dysfonctionnements, les besoins.
La complémentarité des services et l’harmonisation des pratiques seraient facilités par des temps d’échanges de pratiques organisés régulièrement.
PROJETS :
Une réflexion approfondie sur le travail en réseau pluridisciplinaire se met en route, nous avons sollicité l’université pour nous épauler dans cette élaboration, une étudiante en politiques sociales travaille donc avec nous sur ce sujet. Le rendu du travail se fera en 2004.
Des actions de prévention auprès des jeunes garçons et filles sont organisées, à la demande, dans les lycées et collèges.
Des groupes de jeunes sont reçus pour des discussions sur le travail de l’association et une information sur les violences exercées dans le cadre des relations amoureuses. Des documents d’informations sont remis à ces occasions.
Afin d’informer et sensibiliser le grand public, les média sont solliciter ou nous sollicitent, cette année ce fut le cas à plusieurs reprises avec :
- Des radios, notamment radio France bleue Isère et radio Kadélioscope,
- la TELEVISION avec FR3, M6 et France 2 pour l’émission « ça se discute » où Lydie Cerniglia est intervenue en tant qu’experte praticienne.
- La presse écrite, des articles sont parus dans de nombreux journaux locaux et nationaux.
En partenariat avec SOS racisme, nous avons organisé l’accueil sur Grenoble de La marche du mouvement ni putes ni soumises
A l’occasion de la journée internationale contre les violences faites aux femmes ,le 25 novembre, nous avons porté avec les associations de la Fédération Nationale Solidarité Femmes , une liste de revendications ,
- Fascicule pour élargir le point de vue sur violence / discrimination.
- Permettre la représentation à Grenoble de la pièce de théâtre “L’autre guerre”.
- Travail sur la santé psychique.
- Etendre au département de l’Isère le travail de partenariat des acteurs de terrain.
1er ACCUEIL
1164 personnes sont passées prendre un premier contact dans les locaux
1899 personnes ont téléphoné (1293 femmes en détresse 606 travailleurs sociaux)
414 professionnels ont appelés pour des informations diverses
281 personnes ont accompagné les femmes en difficultés dans les locaux
290 enfants accompagnaient leurs mamans
L’ensemble représentant 1137 situations familiales
PERMANENCES
935 personnes reçues 1 à 2 fois pour des entretiens de 20 minutes à 1 heure
1006 entretiens
178 sollicitations extérieures pour ces personnes
144 démarches nécessitées par ces situations
Les permanences ont nécessite 1328 prestations
SUIVIS EN HEBERGEMENT
22 Suivis de personnes reçues en urgence ou en accueil transitoire
38 personnes (18 femmes et 20 enfants)
195 entretiens
34 sollicitations
149 démarches pour le règlement des situations
18 unités familiales ayant nécessité 378 prestations
SUIVIS SANS HEBERGEMENT
59 personnes
400 entretiens
50 sollicitations
106 démarches
59 situations ayant nécessité 724 prestations
ENTRETIENS APPROFONDIS ET GROUPES DE PAROLES
34 personnes ont suivi un travail approfondi sur la violence
311 entretiens
34 personnes se sont engagées dans un travail de 3 mois à 1 an
15 personnes ont suivies un groupe de parole sur la violence
38 séances de groupe
19 personnes ont suivies des groupes parentalité
11 parentalité et violences conjugales / 32 séances
8 parentalité et enfants maltraitants / 20 séances
34 personnes ont suivies les groupes pour un total de 90 séances